Hakkoda extrême

Je suis au sommet du mont Hakkoda, enfin dans la gare d'arrivée du téléphérique.
Maintenant y'a plus qu'à ...

Qu'à sortir ben voyons.

Dehors?

Ben oui où ça sinon?

En fait c'est que même les skieurs enveloppés dans des super combinaisons n'osent pas y aller.
Alors moi avec mon petit équipement, c'est chaud.
Ou plutôt c'est extrêmement froid.

J'ai bien tenté dès mon arrivée. J'ai poussé la porte du sas qui mène vers l'extérieur, je me suis arnaché du mieux que j'ai pu et hop! me voilà dehors.

J'ai failli tomber tout de suite.

Le vent est furieux.
C'est une vraie tempête.
La neige ne tombe pas, elle vole à l'horizontal. Chaque flocon, pourtant si doux en bas, est là comme des morceaux de glace qui vous pique le visage.
Je comprends pourquoi les skieurs ont des casques avec énormes lunettes et cagoule.
En fait je ne peux avancer que dans une seule direction, celle où le vent me pousse.
Mais dès que je me retourne il est impossible d'ouvrir les yeux, de voir quoi que ce soit!

Par contre je vois le gars téléporté depuis Fukuoka, vous savez celui du téléphérique, qui avait aussi pris le bus avec moi et photographié l'Akebono ce matin. On a le même plan de route! Tout a l'heure on tapera un brin de causette ensemble. Mais pour l'heure il est là, sur la plage tropicale d'Hakkoda-san comme si de rien n'était.
Même les skieurs galèrent, pour moi c'est l'horreur et lui il photographie la nature avec son portable, ses petites chaussures, son jean,  tête nue ...

Je ne sais pas comment il fait, il est inconscient?!
Lui il a des chances de finir comme la fameuse armée perdue au début du XXème siècle en essayant de passer par ici.
Quand je vois ces conditions, je comprends tout.
Faut pas jouer par ici, la nature est plus forte que toi, c'est sûr.
Même le Twilight Express du message d'hier l'a subi.

Au fait, je ne vous ai même pas dit pourquoi j'étais monté jusqu'ici, alors qu'il n'y a pas un seul train à voir.

Pour les 'Yuki Monster'!
Les monstres de neige en français, pour ceux qui ne maîtrisent pas le scandinave.
Et vous venez d'en percevoir un sur le premier plan. C'est ce que photographie notre ami de Fukuoka, l'un de ces monstres de neige.
Je suis venu pour eux, c'est tout.
Ils sont là devant moi, toute une armée, mais je ne les vois qu'à peine.
Et ça me fait de la peine, croyez-moi, je ne pouvoir les voir mieux que cela.
J'ai fait tout ce chemin pour voir ce dont je rêve depuis des années, ...Oh oui des années!
Depuis qu'en 2007, lors d'un passage à Yamagata, je suis tombé sur une image de ces Yuki monster.
Le choc a été rude, un éblouissement. Et je me suis juré qu'un jour j'irai les voir moi-même.
J'y suis.
Et je ne vois rien!
La faute aux conditions météo extrêmes.
C'est justement ces conditions météo extrêmes qui forment ces yuki monster. Un amas de neige projettée par les vents violents durant tout l'hiver.
Avec du soleil c'est magnifique.

Je n'aurai pas de soleil.
Le vent ne se calmera jamais.
Je vais rester ici jusqu'à ma limite de temps à espérer une accalmie, même légère ça m'ira.

J'essaye de prendre en photo ce que j'ai autour de moi, dans ma limite du decelable, à 5 mètres maximum.
Ce panneau explicatif de la zone, et du parcours à ski par exemple.
Il ne faut pas trop lui en demander non plus car il est déjà transformé en monstre de neige lui aussi.
En même temps c'est superbe. J'adore ça. Mais j'aimerais juste que la tempête se calme.

Pour ma première sortie, cela n'a duré que 30 secondes, pas plus.
J'ai eu un mal fou à avancer, ...enfin non, aller de l'avant ça allait, mais revenir au point de départ, en ayant fait à peine 20 mètres c'était une lutte féroce contre les éléments.
Même bien équipé, ce que je croyais, le froid glacial, le vrai pour le coup, a transperçé mes vêtements. J'étais frigorifié en moins de 15 secondes!
Mon visage, d'avoir reçu toutes ces piqûres de glace lors de mon retour vers la station de téléphérique, était tout rouge. Tout à la fois je transpirais de devoir fournir des efforts énormes pour contrer le vent qui m'empêchais d'avancer.
Epique.
L'un de mes moments les plus difficiles de tous mes voyages au Japon.

Voilà un OTO que je fais lorsque je suis de retour à la station. Je suis dans le sas, avec mon équipement maximum ...

J'ai des après-ski, 2 paires de chaussettes, des collants, un pantalon de ski, 5 couches de vêtements, le blouson de ski, 2 paires de gants, un tour de cou, une cagoule etun bonnet + capuche du blouson.
Cela suffisait à peine dans ces conditions.

Alors pour me remettre de ma sortie, comme si j'avais ouvert la porte d'un avion en plein vol, je vais rentrer au chaud dans la station du téléphérique et attendre une accalmie.

Comments

[ErebosSan]

Pire que la fois où tu as failli périr asphyxié sur un volcan ?