Arrivée à Keyakidaira, terminus de la ligne. Après avoir croisé en pointe le "train de service" qui remorquait ce jour-là quelques wagons de marchandises, je caressais l'espoir d'y voir, comme en 2015, une machine de manoeuvres. Une machine de la première génération, la ED 10, était alors affectée à cette tâche et je l'avais eue, un peu par hasard, juste après l'arrivée de notre train. Mais cette fois, rien ne bouge... Les voyageurs arrivés ne pouvant rester sur le quai très longtemps, nous nous dirigeons vers la sortie. Avec ma complice du quotidien, nous posons la question au "ekiin" de service, qui nous renvoie à son supérieur. Ce dernier parle même anglais, et comprend parfaitement notre demande, un peu surpris qu'un "gaijin" soit au courant de l'existence de cette locomotive... "Très peu de gens la connaissent. Je vous la montre volontiers... Ah, vous voulez la filmer en action? Dans ce cas, revenez à 13 h. 50, je vous accompagnerai, cela dure dix minutes environ". "Mata ne, Arigatõ gozaimashita..."
A 13 h. 40, après une agréable pause-déjeuner, nous sommes au rendez-vous. Dès que le train horaire est parti, le chef de la station m'accompagne à l'extrémité du quai, heureux de pouvoir faire plaisir et très disponible. "Vous avez de la chance, j'ai le temps aujourd'hui, il n'y a pas trop de monde... Voilà, c'est ici..."
A 13 h. 50 arrive le "train de service" depuis Unazuki. Une machine, cinq voiture, un petit wagon plat en queue. Dès lors, tout va très vite, les équipes de manoeuvre décomposent et recomposent des convois à longueur de journée et sont diablement efficaces...
A peine arrêtée, la EDM 32 est décrochée et évacuée sur la voie 2. C'est la EDS 13, cousine un peu plus moderne des ED 9 et 10 qui est de service ce jour-là. Les trois machines sont les dernières de la génération d'origine préservées sur le réseau. En règle générale, l'une d'entre elles est affectée aux manoeuvres à Keyakidaira. Leur vitesse moins élevée ne dérange pas les autres trains et le poste de conduite central est adapté au fréquents changements de direction.
Après avoir évacué deux voitures, la EDS 13 se met en tête du train qui va aller chercher les ouvriers ayant terminé leur service. Car en fait, il y a deux gares à Keyakidaira. Il y a le terminus officiel, et il y a, cinq cent mètres de tunnel et un rebroussement plus loin, une seconde gare, complètement sous terre et non accessible au public... Juste après l'aiguille de sortie, le wagon plat de queue sera largué et manoeuvré "au lancer" pour rejoindre le reste de la composition sur la voie 2.
La EDM 32 vient de pousser les deux voitures restantes et le wagon plat sur une voie de garage, en attendant le retour du train d'ouvriers. Les trois voitures "directes" seront alors insérées dans la composition du "train de service" qui quittera Keyakidaira à 14 h. 16.
Un coup de sifflet dans le tunnel, la EDS 13 arrive déjà avec sa composition et ramène à Keyakidaira les ouvriers et... un wagon marchandises. Ils ont dû prendre le même ascenseur...