Kabuki pluvieux, kabuki pas heureux !
Je suis toujours à Nagahama, ville qui attend son matsuri avec moi.
Je me rend vers le leiu où va se dérouler le premier temps fort.
Devant un 'garage' à char de matsuri, les portes s'ouvrent et le char est sorti dans la rue. Puis des acteurs s'avancent, se présentent et montent sur le char pour une représentation de théâtre kabuki. Tous les rôles sont joués par de jeunes garçons, des enfants ! Voilà la spécificité du matsuri de Nagahama, du moins celui du printemps.
Mais ça c'est dans les conditions normales, dans le meilleur des cas.
Ce jour il pleut. donc tout va être bouleversé.
Pourtant par moment la pluie cesse alors je reprends espoir. Je me dis que je vais assister à un grand moment, de ceux que je préfère (en dehors de tout ce qui est ferroviaire) au Japon.
Quand j'y arrive, le char est sorti mais entièrement recouvert d'une immense bâche plastique de protection ...
Inutile de vous dire ma déception, ma frustration devant ça ! La moitié de la beauté du spectacle est gâchée. Bien sûr je comprends les organisateurs et tous ceux qui s'occupent de ces chars, oeuvres qui ont souvent plusieurs siècles au compteur, se transmettent de générations en générations. Ceux d'aujourd'hui ne veulent pas prendre le risque d'abîmer l'oeuvre de leurs aînés.
De jeunes musiciens lancent la musique. Habillé mi-folklorique mi-classique. Pas bien beau. Il ne fait pas chaud non plus, le vent en rajoute pour refroidir les ardeurs.
Après une bonne vingtaine de minutes d'introduction musicale, durant laquelle on a l'impression que tout peut être annulé, les petits acteurs sortent enfin et font un passage éclair devant les spectateurs aglutinés dans la ruelle devant le char. Je tente de faire des images d'eux mais c'est la foire d'empoigne, la bagarre avec les photographes locaux et autres spécialistes. De plus ils sont protégés comme des 'rock star', la pluie recommence à tomber, c'est pas de chance.
Puis tout va aller de mal en pis. Je ne serai pas bien placé pour regarder le spectacle très localisé sur le char. Il faut vraiment être aux premières loges tout devant pour bien voir, ce qui n'est pas mon cas mais je veux aussi me mettre à l'abri. Cruel dilemme, se mouiller et voir le spectacle ou ne pas voir grand chose et être à l'abri ?
Le choix n°2 s'est imposé à moi car la pluie s'est mise à tomber fort et les rafales de vent n'arrangent rien.
Je vais résister un petit quart d'heure et capituler.
J'en ai trop marre, je commence à être mouillé, j'ai froid, je ne vois rien, je ne comprends rien, je suis fatigué de ma longue journée, bref j'en ai assez de tout ça !
Je m'enfuis vers la gare, en courant dans les ruelles.
Re-train local jusqu'à Maibara. Re-shinkansen jusqu'à Nagoya.
Fin de la journée.