Après les quelques sakura star mais pas très fleuris de Kakunodate, j'enfourche à nouveau ma sale bête grinçante et je veux aller faire un plan vers un passage à niveau situé en aval de la gare.
Je roule, je roule ...
Je tournicote d'ici de là ...
Et quand j'aperçois enfin la ligne, je me retrouve au même point que plus tôt le matin, là où j'avais attendu sous la pluie glaçante mon E6 qui ne vint jamais!?!
Ben zut alors, mais comment ce fait-ce?
Je ne suis pas en aval mais en amont.
Il n'y a donc pas de passage à niveau par ici, le seul est de l'autre côté.
Je reprends donc la direction du coeur de la ville en repassant par des rues déjà prises plus tôt sans rien y comprendre car je croyais être de l'autre côté?!?
Bref, je commence à avoir faim, autant que je suis fatigué, ..de tourner en rond dans Kakunodate, de lutter contre les éléments, la pluie, le froid, le vent et la désorientation.
Je me dis que le premier restaurant venu fera l'affaire, même un petit bouiboui de quartier ira bien. C'est même souvent là que l'on mange le mieux au Japon. La petite mamie qui vous concocte sa spécialité.
Après quelques minutes j'aperçois 'quelque chose' qui semble ressembler tout à fait à cela, une gargotte typiquement rurale.
Je gare mon vélo en face, à l'entrée d'un temple.
Tiens voilà l'engin, attention ça pique les yeux ...
D'une belle livrée jaune peut-être vert aussi et anciennement rouge, même Chris Froome 'la mobylette' ne gagnerait pas avec ça!
Puisqu'il y a un temple juste à mes pieds, autant y faire un tour tout de suite, avant d'être trop lourd pour gravir les marches ...
La tori est vraiment moche, en béton craquelé je déteste. Ce n'est pas honorer les dieux que de faire ça.
C'est un petit temple, mais qui semble très bien entretenu, plutôt joli.
J'y suis parfaitement seul, comme j'aime.
Situé au somment d'une colline qui domine la ville.
D'habitude je me purifie avec l'eau du 'chôzuya' comme il se doit à l'entrée mais le froid vif me rebute de quitter mes gants, même si ce sont des mitaines d'où les doigts dépassent, plus pratique pour faire des photos. Le dragon me fait alors de gros yeux ...
A la louche près du chôzuya je dirais qu'il ne fait pas loin de 0° surtout exposé au vent.
D'ailleurs au bord du bâtiment du temple le reste du tas de neige tombé du toit en atteste ...
Et en contrebas de la colline les quantité sont encore plus impressionnantes, bien caché au nord ...
Sur le temple j'ai vu cette carapace de tortue orné d'une inscription dorée. Je ne me souviens pas avoir déjà vu cela dans d'autres temples.
Puis ce détail très mignon, sur des cordages fins plutôt destinés à accrocher les omikuji, c'était des omamori (talisman spécial auquel on attribue le pouvoir de porter chance et d'éloigner les mauvais esprit) qui étaient pendus.
Le pendentif en coeur n'est pas usuel des temples mais ajoute une touche 'glamour' ...
Je termine avec une autre image du chôzuya et des ridules à la surface de l'eau.
Au Japon, les temples m'inspirent peut-être plus encore que les gares pour faire des images, je ne m'en lasse jamais.
C'est pourquoi j'aime être seul dans ces lieux sacrés, pour bien 'sentir' mes plans.
Je redescends le grand escalier en pierre et vais aller me restaurer ...
Au verso de l'omamori il y a marqué le sort pour lequel il est invoqué. C'était pas des sorts pour gagner le Tour de France par hasard ? Dans ce cas il fallait en prendre un pour ta rossinante jaune !